PIERRE-ELIE DE PIBRAC
Petit-fils du grand photographe portraitiste Paul de Cordon (1908-1998), Pierre-Elie de Pibrac, né en 1983 à Paris, ne décide de faire de la photographie son métier qu'après avoir décroché son diplome d'une grande ecole de commerce.
En 2007, son premier reportage en Birmanie, réalisé en autodidacte, lui a valu de nombreux prix et il se perfectionne en assistant de grands pros de l'agence
VU. En 2010 et 2012, ses séries sur New York et les États-Unis, American
Showcase et Real Life Super Heroes, imposent son style déroutant. En 2013, il s'immerge dans la vie des danseurs de l'Opéra de Paris pour réaliser le projet In Situ. À partir de ce moment, il décide de construire et réaliser tous ses proiets avec sa femme Olivia. Prolongeant un travail d'imprégnation sociale initié en 2016 à Cuba, dont il a tiré Desmemoria, reportage mélancolique sur les azucareros, travailleurs du sucre et révolutionnaires originels, il sillonne le Japon entre décembre 2019 et août 2020 pour sa série Hakanai Sonzai («Je me sens moi-même une créature éphémère»), récemment exposée au musée Guimet à Paris, et mise à l'honneur dans un ouvrage du même nom aux éditions Atelier EXB. Au cours de cette enquête immersive, le photographe volontiers anthropologue dévoile des histoires personnelles singulières: yakuzas, rescapés de Fukushima, hikikomori (« renfermés», jeunes Japonais vivant coupés du monde et des autres, cloîtrés dans leur chambre) ou jo-hatsu, ces «évapores» avant opté pour une disparition volontaire et une nouvelle identité... Avant de tirer leur portrait, il envoie à ses modèles des carnets de notes et des appareils photo jetables, et entretient avec eux une corresnondance soutenue. « Dans un pays où les hahitants s'ouvrent peu, il a fallu que je sois particulièrement méthodique et patient pour briser la glace et entrer lentement dans la vie des Japonais dont je voulais raconter l'histoire.»