« LES OUBLIÉES, ARCHIVE FROM YEAR 70 est une image d'archive de ma famille, prise au Cap Saint-Jacques, aujourd'hui renommé Vũng Tàu, au sud du Vietnam. Cette photo de vacances, prise dans un moment joyeux de leur vie, a une deuxième histoire.
Le titre fait référence au documentaire Rapatriés d'Indochine,
les oubliés. Après la défaite de la France en Indochine ne 1954, les femmes vietnamiennes de soldats français, leurs enfants métis et les familles de soldats vietnamiens engagés par l'armée française se retrouvent délaissés. Ils quittent l'Indochine en bateau. Arrivés en France, ils sont placés dans des camps dits de transit, mais plusieurs générations
grandiront dans ceux de Noyant et Saint-Livrade. Dans ce film, une femme faisant partie des "oubliés" raconte que l'été, lorsque ses sœurs travaillaient dans les champs
de haricots, elles profitaient des pauses-déjeuner pour faire bronzer leur ventre au soleil et faire croire qu'elles étaient parties en vacances au bord de la mer. Ce titre manifeste une envie profonde de représenter ceux qu'on oublie, ces personnes qui sont pour moi autant de héros et d'héroïnes. C'est peut-être pour cela que cette ouvre est la plus grande de toute la série intitulée Tropism, Consequence of a Displaced Memory. Je l'ai commencée en 2016, je ressentais un besoin de plus en plus pressant de converser avec le passé et d'en apprendre plus sur mes origines. Elle se construit autour d'un ensemble d'anciennes photos de familles prises
au Vietnam, pour la plupart dans les années 1970-1980, que je manipule numériquement. Le public y voit souvent des fantômes, moi, un mouvement invisible d'histoires qui se transmettent de génération en génération. » •
LA PHOTO
"Une envie profonde de représenter ceux qu'on oublie" Nhu Xuan Hua
ZOÉ TISON, Madame Figaro, 1 December 2023