Overview
« Il ne me serait jamais rien arrivé s’il n’y avait pas eu la photographie. »
- Marie-Laure de Decker
La Galerie Anne-Laure Buffard est fière de s’associer à la galerie in Camera pour défendre et promouvoir l’œuvre engagée, puissante et intemporelle de cette grande photographe en étroite collaboration avec Pablo Saavedra de Decker et Balthazar Lévy, les fils de l’artiste disparue en 2023.
Marie-Laure de Decker (1947-2023) est reconnue de son vivant comme une figure majeure du photo reportage sans pour autant bénéficier aujourd’hui de la visibilité méritée au regard de son parcours hors norme et de la singularité de son regard. De ses premiers portraits de Duchamp, Man Ray (1967) à ses photographies couleur des Wodaabes, témoins de son attachement pour l’Afrique, elle tisse à travers le monde des récits fascinants autour d’histoires tout autant personnelles que collectives. L’engagement de cette femme photographe sur les terrains de conflits - la Guerre du Vietnam, l’Afrique du Sud de l’apartheid, le Tchad - est au cœur de sa pratique qui met également à l’honneur son rapport poétique au réel à travers sa célèbre et intense série d’autoportraits qui atteste de son rapport existentiel à la photographie.
Biography
2 août 1947 - Naissance à Bône (actuelle Annaba), en Algérie. Elle passe son enfance entre la France et la Côte d’Ivoire, où son père travaille.
1962-1965 - Études de dessin dans des écoles de la rue Cler, de la rue de Seine, puis à l’Atelier Met de Penninghen. Elle fréquente alors assidûment le musée du Louvre ainsi que les expositions de la galerie Delpire, rue de l’Abbaye.
1967 - Rencontre l’artiste et écrivain Roland Topor, avec lequel elle habite rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.
1967-1970 - Réalise des portraits de figures des avant-gardes de l’entre-deux-guerres, tels les artistes Man Ray, Marcel Duchamp, Philippe Soupault, Luis Buñuel...
1968 - Photographie les soulèvements de Mai 68
1970-1972 - Avec l’ambition de constituer un portfolio d’images et d’intégrer l’agence Gamma, elle entame un long voyage en Asie. Elle reste plusieurs mois en Inde, puis se rend au Laos, en Thaïlande, au Cambodge et à Singapour. À Ceylan (actuel Sri Lanka), elle photographie la visite du pape Paul VI à Colombo en décembre 1970 et rencontre dans ce contexte le photographe Raymond Depardon.
Au printemps 1971, elle arrive à Saigon (actuelle Hô Chi Minh-Ville), au Vietnam, et y vit plusieurs mois. Sur place, elle approche le bureau local de Newsweek et effectue plusieurs reportages pour le magazine américain à l’occasion des quels elle suit l’armée américaine dans ses activités. Elle réalise également des sujets de société. À l’issue de ce voyage en Asie, elle intègre l’agence Gamma.
1974 - Pour Gamma, elle est régulièrement chargée de photographier l’arrivée des membres du gouvernement au Conseil des ministres. Elle rencontre dans ce contexte Valéry Giscard d’Estaing, qu’elle suit régulièrement dès 1973, puis pendant la campagne présidentielle.
Le 19 mai 1974, jour du second tour, elle réalise le portrait du futur président de la République devant son poste de télévision.
Au printemps, Marie-Laure de Decker parvient à obtenir de Valéry Giscard d’Estaing des papiers pour son ami Eldridge Cleaver, militant pour les droits civiques aux États-Unis et membre du Black Panther Party réfugié en France.
1980 - Lauréate du grand prix F Magazine de la photographie avec Claude Batho, Cynthia Hampton et Micheline Pelletier-Lattès.
1982 - Rencontre Teo Saavedra, militant du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) chilien, avec qui elle aura son premier fils, Pablo.
1985 - Rencontre l’avocat Thierry Lévy à Paris, père de son second fils, Balthazar.
1987 - Commence une activité de photographe de mode et de plateau, notamment pour le magazine Studio. Elle photographie le tournage de Sous le soleil de Satande Maurice Pialat, ainsi que celui d’Agent trouble de Jean-Pierre Mocky, avec Catherine Deneuve.
1991 - Pour L’ Autre Journal, elle effectue un reportage sur le prêtre Emmanuel Lafont à Soweto, en Afrique du Sud. Elle photographie le tournage du film Indochine de Régis Wargnier. Elle restera très proche de Catherine Deneuve, qui tient le rôle principal et dont elle réalisera plusieurs portraits.
1993 - Reportage à Tuzla, en Bosnie, avec les équipes de l’association Handicap International. Elle photographie des blessés dans les hôpitaux de la région. Ébranlée par la violence du conflit, elle décide d’arrêter sa carrière de reporter de guerre.
Août: Pour Le Monde, elle accompagne le journaliste Dominique Le Guilledoux pour une série de reportages intitulée «Rencontres de France». Pendant plus de deux semaines, elle effectue un portrait photographique du pays à travers ses classes sociales et ses régions. La série remporte le prix Albert-Londres l’année suivante.
Automne: Reportage de mode au Vietnam (Saigon, Hué, Hanoï) pour le New York Times. Elle reste plusieurs mois en Asie et passe notamment parle Cambodge.
1994 - En Afrique du Sud, elle assiste à la transition démocratique et à l’accession au pouvoir de Nelson Mandela, élu président de la République. Elle photographie les mutations de la société sud-africaine.
Hiver: Présente sur le tournage du film Le Garçude Maurice Pialat.
2000 - De retour au Tchad, elle commence à photographier le peuple Wodaabes. Avec ses fils, elle continue de se rendre régulièrement dans le sud du pays et reste très proche de ce peuple nomade, sur lequel elle constitue un important corpus photographique jusqu’en 2014.
2004 - Réalise le film Un voyage chez les Wodaabes pour France 5.
2012 - Lauréate du prix international Planète-Albert-Kahn (PIPAK).
:
1978-1979 «Pour le Tchad», Fnac, Paris (Montparnasse), Strasbourg, Lyon.
1982 «Marie-Laure de Decker», Galerie La Remise du Parc, Paris.
1993-1995 «Soweto, 1985/1992. Photographies de Marie-Laure de Decker et Bongani Mnguni», Fnac, Paris (Montparnasse), Avignon, Orléans, Mulhouse, Rouen, Metz, Cergy, Nîmes et Liège (Belgique).
1996 «Marie-Laure de Decker, photographe-reporter», Musée du Pays rabastinois, Rabastens (Tarn).
2000 «Saison en Pays rabastinois», Mairie de Rabastens (Tarn).
2001 «Vivre pour voir», Maison Européenne de la Photographie, Paris.
2006 «Vivre pour voir», Festival international du photo journalisme Visa pour l’image, Perpignan.
«Marie-Laure de Decker. Les Wodaabes», Galerie du Passage –Pierre Passebon, Paris.
«Un certain regard», Galerie Le Voleur d’images, Paris.
2007 «Les Wodaabes», Galerie 127, Marrakech (Maroc).
«Vivre pour voir», Moulins albigeois, Albi (Tarn).
2009 «Marie-Laure de Decker. Les Wodaabes», Salle Clemenceau, Ramatuelle (Var).
2011 «Les Wodaabes du Tchad (2001/2010)», Centre d’art contemporain, Saint-Restitut (Drôme).
2012 «Marie-Laure de Decker.Abécédaire», Galerie du Passage – Pierre Passebon, Paris.
2013 «Marie-Laure de Decker. Vivre pourvoir», Théâtre de la Photographie et de l’Image, Nice.
«Marie-Laure de Decker. Vivre pour voir», Espace photographique Arthur-Batut, Labruguière (Tarn).
«Wodaabes. Les hommes de l’interdit», Musée du Pays rabastinois, Rabastens (Tarn).
«Combattants du Frolinat», Festival Image Singulières, Sète.
2016 «Sur Terre», Nuits photographiques de Pierrevert, Pierrevert (Alpes-de-Haute-Provence).
2024 «Marie-Laure de Decker à Rabastens», Musée du Pays rabastinois, Rabastens (Tarn).
«War and Peace. Marie-Laure de Decker and Noël Quidu», LEFFEST, Lisboa Film Festival, Lisbonne(Portugal).
2025 «L'image comme engagement», Maison européenne de la photographie (MEP), commissariat Victoria Aresheva, Paris.