Pour les dix ans Asia Now, la Galerie Anne-Laure Buffard présente Leaves, cycles, un Trio Show des artistes coréennes et sœurs jumelles Park Chae Dalle et Park Chae Biole avec la participation de l’artiste céramiste japonaise Yoshimi Futamura.
Nées en 1997, travaillant entre la France et la Corée, les jumelles Park Chae pratiquent la peinture, le tricot, l’écriture poétique et la sculpture, déployant deux univers artistiques singuliers aux multiples résonances.
Curatrices de ce projet d’exposition, Park Chae Dalle et Park Chae Biole ont choisi de recréer dans le stand l’univers de leur maison d’enfance, là où leur père les initiait au dessin et à la peinture. À travers les œuvres sur toile et sur textile des séries Family et Hand to hand de Park Chae Dalle, à travers les installations et peintures sur stores de bambou de Park Chae Biole, les deux sœurs dessinent une nouvelle manière d’habiter l’espace, avec laquelle elles invitent Yoshimi Futamura à dialoguer. Les céramiques des séries Black Hole et Rebirth, créées en réaction à la catastrophe de Fukushima (2011), pareront cet espace domestique en engageant un questionnement sur la manière dont nos fondations peuvent brusquement s’altérer et se reconstruire.
À l’origine de ce projet, en parallèle du rapport au domestique, les notions de cycle naturel et de recyclage tiennent une part centrale. Éviter le gaspillage est un mantra qui relie intimement les cultures coréenne et japonaise. Si les pratiques de l’anti-gaspillage et du recyclage s’invitent jusque dans les maisons, dans la manière de cuisiner par exemple, elles résonnent également avec la manière qu’ont les trois artistes d’appréhender leurs pratiques. Aussi Park Chae Dalle et Park Chae Biole relevaient dans un entretien de Yoshimi Futamura, Une conversation avec l’argile, ces paroles : « Un grain d’argile est comme un grain de riz, il ne faut pas le gaspiller ».
Park Chae Dalle, dans la série Family, réutilise d’anciennes peintures sur toiles sur lesquelles elle superpose des feuilles de papier hanji pour créer des œuvres stratifiées faisant appel à la pratique de l’upcycling. Dans l’Œuvre de Biole Park Chae, l’upcycling se cristallise dans son nouveau corpus de stores en bambou troués dont elle récupère les tiges pour tisser de nouveaux supports circulaires à même de recevoir ses peintures de paysages et de voyages.
Dans l’installation proposée par les deux artistes coréennes, nous sommes amenés à circuler entre les œuvres disposées comme autant d’abris flottants dans l’espace d’exposition. Le mouvement cyclique de la déambulation est renforcé par la référence au cycle naturel qui se dégage du dialogue entre les céramiques telluriques de Yoshimi Futamura — alliages uniques entre la porcelaine et le gré qui questionnent la capacité de résilience de la matière et des sociétés — et les œuvres aériennes de Park Chae Dalle et Park Chae Biole.